L’eau est un bien commun : sortons de la logique « bassine ». Elu de tout bord vous avez le pouvoir d’éviter la guerre (de l’eau).

[ TRIBUNE ] Alors que les effets du réchauffement climatique se font de plus en plus sentir, et ce partout en France, en Europe et dans le monde, la place de la juste répartition de l’eau douce devient une préoccupation de plus en plus pressante. Les trois dernières années ont été marquées par des étés particulièrement rudes avec des périodes de sécheresse de plus en plus tôt. Que sera 2023 ? Avec 31 jours consécutifs sans une goutte de pluie en France entre janvier et février, alors que nos réserves d’eau douce ne se sont pas reconstituées après une année 2022 particulièrement sèche, les hydrologues (1) tirent la sonnette d’alarme : il aurait fallu une pluie continue tout le mois de mars 2023 pour espérer faire remonter les niveaux des nappes phréatiques. Nous sommes au pied du mur ! 

DEUX VISIONS DU MONDE S’OPPOSENT 

D’un côté, la vision industrialo-agricole, notamment celle liée à l’agro-industrie (industrie céréalière, la maïsiculture, les élevages industriels, …), fondée sur le libéralisme, refuse de voir la réalité en face et s’entête à promouvoir des modèles de cultures qui seront de toute façon inadaptés sur le long terme. Son obsession pour le maintien de pratiques inadaptées la pousse à choisir une solution catastrophique pour les citoyens, l’environnement e même pour les agriculteurs qu’elle est censée soutenir. Elle fait le choix des bassines (2) pour pérenniser ses pratiques écocides. Ainsi, de grandes réserves d’eau en plein air sont creusées pour y recueillir l’eau de pluie l’hiver et surtout y puiser depuis les nappes phréatiques de quoi irriguer les champs l’été. Or ces réserves privent les terres alentour et en aval de leur ressource naturelle d’eau et les assèchent encore plus vite. De plus, étant ouvertes en plein soleil, elles présentent une évaporation exacerbée, et finissent par réduire la quantité d’eau disponible. Enfin, elles peuvent s’avérer totalement stérile dans le cas d’hivers secs comme celui que nous vivons en ce moment. Cette solution du monde agro-industriel s’apparente à une privatisation de la ressource en eau douce commune ! Cela crée une inégalité forte et durable au sein de notre société tout en affectant massivement l’environnement (3).

De l’autre, face à cette vision qui privilégie la rentabilité économique des sols sur le court terme, des alternatives existent. Tout d’abord, nous devons faire le choix de la sobriété pour une consommation d’eau responsable et respectueuse du vivant dans son ensemble. La question n’est plus « Comment avoir assez d’eau?  » mais « Comment réduire notre besoin et notre consommation ». Ainsi, un meilleur travail du sol pour augmenter sa capacité d’absorption en cas de fortes pluies, ou encore une augmentation du couvert végétal permettent des gains importants en termes d’absorption et de rétention d’eau par le sol. De même, le choix des cultures et des pratiques agricoles doit nous aider à choisir ce qui est vraiment essentiel dans nos vies en privilégiant la saisonnalité et l’adaptation au climat des plantes cultivées. Ces différentes solutions convergent autour de la mise en place d’une stratégie de gestion durable de la ressource vitale qu’est l’eau potable. 

En octobre 2022, plusieurs milliers de personnes s’étaient réunies à Sainte-Soline, à l’est de Niort, pour protester contre la construction d’une «méga-bassine». – AFP

TERRITOIRES CONCERNES : DES DEUX-SEVRES A L’ALSACE, TOU·TE·S CONCERNE·E·S !

Ces problématiques touchent tous les territoires Français dont l’Alsace. Sécheresse dans les Hautes-Vosges, projets de retenues collinaires ( pendant alsacien des bassines) qui émergent, forages abusifs dans la nappe phréatique au niveau de la plaine du Rhin, et bien d’autres, ne sont que les prémisses des tensions locales autour de l’eau. En effet, croire que l’Alsace est à l’abri d’une pénurie d’eau sous prétexte que la nappe phréatique rhénane, la plus grande réserve d’eau douce d’Europe, est une ressource inépuisable, est mal connaître la situation (4) (5). L’agriculture productiviste pose problème et les points de captages dans la nappe échappent pour l’heure aux mesures de restrictions d’eau lorsqu’elles sont décidées. Or, avec une réserve d’eau douce en baisse et qui ne se régénère pas suffisamment, ce sont toutes . les zones naturelles qui sont en danger, avec au premier plan les Rieds où la biodiversité en faune et flore est importante. 

Dans l’ouest de la France, la question des réserves a pris une place prépondérante, et en particulier dans les Deux-Sèvres. De nombreux projets de bassines y voient le jour, avec un impact considérable sur les agriculteurs n’y ayant pas accès, sur les citoyen·ne·s alentour et sur toute la biodiversité du territoire. Pour dénoncer ces solutions de mal-adaptation, des citoyen·ne·s de toute la France ont déjà convergé là-bas en octobre 2022, et un nouveau rendez-vous est donné le 25 mars 2023. 

LA GUERRE DE L’EAU N’EST PAS INELUCTABLE : AGISSONS !

La résolution du conflit dans l’ouest, soit par la toute-puissance du monde agro-industriel, soit par la mise en place d’une démarche de gestion durable de l’eau servira de précédent, et aura des répercussions jusqu’à nous, ici sur notre territoire.

Les agriculteurs n’ont pas le monopole de l’eau, ni les industriels. L’eau est un bien commun et nous voulons éviter une guerre.

Nous devons collectivement agir pour éviter la guerre de l’eau qui se profile. Nous devons exiger de nos élu·e·s qui agissent pour le bien commun de toutes et tous et non pas pour servir les intérêts de quelques industriels qui privatisent notre bien commun pour en tirer un maximum de profits.

Les 24, 25 et 26 mars 2023, mobilisation internationale pour le droit à l’eau pour toutes et tous, contre les méga-bassines

Aussi, les 25 et 26 mars, à l’appel des Soulèvements de la terre, de Bassines Non Merci et de la Confédération paysanne, dans le Poitou, nous répondrons présents à « pas une bassine de plus – mobilisation internationale pour la défense de l’eau ».

Ainsi, solidairement, nous apporterons notre soutien. L’eau, c’est la vie, on est toutes et tous concerné·es.  Un déplacement en bus est organisé depuis l’Alsace. Il partira vendredi soir de Strasbourg à 18h, gare routière de l’Etoile.

Signataires : (milieu associatif) HERON – Les Soulèvements de la Terre – Alternatiba Strasbourg – association Maison Mimir – Greenpeace GL de Strasbourg • (formation politique) Europe Ecologie Les Verts Alsace – la France Insoumise Strasbourg et Bas-Rhin.



1. L’hydrologie  est la science qui s’intéresse à tous les aspects du cycle de l’eau, et en particulier aux échanges entre la mer, l’atmosphère (océanographie, climatologie…), la surface terrestre et le sous-sol (hydrogéologie). Le praticien en hydrologie est dit hydrologue. https://fr.wikipedia.org/wiki/Hydrologie et http://wikhydro.developpement-durable.gouv.fr/index.php/Hydrologie_(HU)

2. Les bassines sont des réserves d’eau qui recueillent en partie l’eau de pluie, mais sont surtout alimentées par les nappes phréatiques. 

3. Ca peut aller plus loin que juste autour, certaines bassines peuvent être remplies par de l’eau qui vient de loin…ECRIRE : « … alors que nos réserves d’eau douce ne se sont pas reconstituées après une année 2022 particulièrement sèche, les hydrologues (1) tirent la sonnette d’alarme : il aurait fallu une pluie continue tout le mois de mars 2023 pour espérer faire remonter le niveau des nappes phréatiques. « 

4. Durant l’été 2022, la nappe phréatique rhénane a été fortement impactée par la sécheresse – voir l’article de France 3 Alsace ici : https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/alsace/carte-ete-2022-la-secheresse-preuve-du-debut-du-dereglement-climatique-en-alsace-2619704.html

5. Connaitre le niveau des réserves d’eau en Alsace : https://info-secheresse.fr/department/67/indicator/groundwater

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